L’Australie (1999)

Le continent Australien

dont la Tasmanie

TOUT SUR LA DEVASTATION DES FORÊTS AUSTRALIENNE!!!

La Vidéo de Wilderness Society « Save Tassie’s Forests  »  – Musique de John Butler – 400 mega

The Wilderness Society’s Save Tassie’s Forests video – John Butler soundtrack

400 mega

Non Convaincu du besoin de sauver les forêts pluviales de la Tasmanie? Alors prenez  9 minutes de votre temps pour voir ce qui se passe là bas, pour voir ce qui est détruit, et comprendre ce que Wilderness Society fait là bas. Vous serez convaincu que ces forêts pluviales doivent être sauvé! Ce sont 30.000 hectares qui sont dévastés et brûlés au Napalm…

John Butler est un excellent musicien australien, Je l’avais rencontré au milieu des coupes rases de l’Ouest australien. Vous pouvez voir son site et écouter ses musiques http://www.johnbutlertrio.com

Unconvinced about the need to save Tassie’s forests? Take nine minutes to experience what is there, what is being destroyed, and find out what we’re doing about it. You will be convinced that Tassie’s forests should be saved this election.It is 30.000 hectares which are devastated and burned with Napalm Bomb!!!

John Butler is a great australian musician. I met him in the South West forests of Australia, in the middle of the clearcuts.You can see his webpage http://www.johnbutlertrio.com

cartes_pin_huon_100x200Mon voyage en Australie ne fut pas de voir seulement ces fabuleux paysages, que trop de personnes connaissent, mais principalement d’aller à la découverte des arbres les plus âgés de la planète, les Pins Huons (Lagarostrobos franklinii), mais encore des rares Pins Wollemi , sans négliger les splendides forêts pluviales de la Tasmanie. Pour ceux qui ne le savent pas, la Tasmanie est l’île du Sud de l’Australie et non pas quelque part en Afrique comme certains l’auraient pensé.

Ceci dit, si nous remontons à près de 100 millions d’années, l’Australie, la Tasmanie, Madagascar, l’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Inde… formaient le supercontinent « le Gondwana« . Et en ces temps si reculés, prospéraient animaux et splendides forêts, l’Homme de pouvait causer aucun dégâts car inexistant. De nos jours, certaines espèces qu’elles soient animales ou végétales survivent tant bien que mal dans ces différents pays, voir polluées ou massacrées par l’une des plus récentes espèces animales qu’est l’Homme.

Arrivé à Sydney, je n’y restais que quelques jours, car l’organisation environnementale « The Wilderness Society » m’attendait à Hobart, en Tasmanie, avec qui j’avais planifié tout un programme pour aller voir les vieilles forêts pluviales d’Eucalyptus regnans ou frênes des montagnes. Et bien évidemment les Pins Huons, lesquels demandaient quelques rendez-vous administratifs, pour avoir l’autorisation d’aller les photographier. A ce sujet, je suis le seul photographe à posséder des clichés de ces arbres dont leur système racinaire a été daté à plus de 10500 ans.

A Hobart je fut tout d’abord accueillis par Amanda, la chef de file de Wilderness Society Tasmanie. Pour l’hébergement, je restais soit chez elle, ou chez ses amis comme Ted Mead, un des meilleurs photographes en environnement.

Amanda, Goeff ( bras droit de Bob Brown qui est l’un des députés verts de l’Australie), Birth, des volontaires de l’organisation et moi-même, nous avons explorés ce qui reste des vieilles forêts pluviales. Là où nous sommes allés, les touristes n’y accèdent jamais. Bien souvent des panneaux et des barrières expliquent qu’il est interdit d’entrer dans ces lieux car les exploitations forestières pratiquées peuvent être fatales.

La Vallée de Styx:

Nous sommes donc entrés dans la plus célèbre vallée d’Eucalyptus regnans nommée « Styx valley« , dont la rivière du même nom sillonne ses flancs. Fabuleux voyage que celui de vagabonder dans ces forêts dont leurs arbres mesurent plus de 15 mètres de tour, et parfois peuvent dépasser les 100 mètres de haut. Et de camper à la belle étoile, avec un bon feu de camps pour se réchauffer et mieux se connaitre entre amis.

Ces magnifiques forêts ressemblent bien à celles du Chili et de la Côte Ouest américaine que j’ai visité. Arbres immenses, troncs allongés recouverts de mousses et de jeunes arbres plein de vigueur, fougères arborescentes, champignons de toutes les couleurs et de toutes formes, insectes contribuants à l’équilibre de ces forêts pluviales, oiseaux et mammifères comme le mystique Diable de Tasmanie, petit animal effrayé et mal aimé de l’homme comme le Tigre de Tasmanie qui a été décimé. Celui rennaîtra peut être un jour par le biais du clônage.

Les Eucalyptus regnans sont comme des caméléons. Il sont si recouvert de mousses, ou encore possédant une écorce panachée se détachant, que nous avons du mal à les voir. Ils ont un mimétisme parfait. Très large à leur base, ils s’élancent vers le haut des cieux. En étant chanceux, si vous venez voir ces arbres et leurs forêts, vous croiserez peut-être un ornithorynque, nageant dans les ruisseaux et les rivières, mais il est très timide.

Malheureusement ces splendides forêts pluviales de Styx Valley, limitrophe aux parcs nationaux tels que Mount Field, ne sont nullement protégées.

DEFORESTATION!

En effet depuis 1900, des arbres de plus de 100 mètres furent abattus, mais à cette époque, les forestiers ne possédaient pas les engins infernaux de nos jours, comme le Timberjack, qui broie tout sur son passage sans cris égard à l’écosystème de la forêt. Les arbres sont abattus, déchiquetés avec toute leur biomasse, mis en pulpe, en sciure. Les coupes sélectives et la gestion durable n’existent pas ou très peu.

Les animaux ne peuvent survivre à ces hécatombes. Le plus horrible est de marcher sur les coupes rases de ce qui étaient de splendides forêts pluviales. Les rivières, les ruisseaux, les cascades sont détruites.

Pour couronner le tout, munis de leurs hélicoptères, les forestiers incendient au Napalm les gigantesques coupes rases. L’humus brûle encore pendant plusieurs semaines, et la fumée s’échappe de quelques mètres sous terre. Ce sont des moments insoutenables que de marcher entre des souches noircies de 5mètres de diamètre, en imaginant ce que furent ces endroits quelques jours auparavant.

Un ami aurait photographié un ornithorynque et sa progéniture, cramés vivants par les flammes du Napalm.

Comment peut-on admettre ces pratiques forestières barbares, sans respect de l’environnement?

Je sais bien que nous vivons dans un « système de la surconsommation« , mais arrêtons ces massacres, réfléchissons pour un meilleur avenir, consommons moins et en respect avec la nature.

 La gestion durable est bien plus enrichissante que l’anéantissement des forêts originelles de la planète et d’écosystèmes uniques.

Après avoir campé pendant la nuit dans cette vallée avec Amanda et Geoff, se réchauffant au coin d’un feu de bois (mort), et dormis dans nos tentes igloos, mes amis me déposèrent à Mount Field, pour que j’aille photographier quelques Eucalyptus pauciflora, lesquels résistent au froid et à la neige.

Ils poussent très lentement et possèdent de splendides écorces toutes différentes les unes aux autres. Leurs branches sont tourmentées et les troncs s’installent même entre de fines anfractuosités rocheuses. Les promeneurs viennent surtout pour voir les cascades et les lacs, rarement pour les arbres. Surtout quand le brouillard est si épais et que les lacs ne sont pas visibles. Quelles désolations pour ces promeneurs, mais quel réjouissance pour moi, que de voir ces Eucalyptus des neiges, emmitouflés dans ce brouillard mystérieux.

Lors de ma petite randonnée dans ces montagnes, j’ai rencontré deux jeunes de mon âge, habitant le Colorado, et faisant aussi un tour du monde. Nous avons sympathisé, échangés nos E-mails, et depuis nous avons gardé le contact. John et Julie, se sont même mariés au Pérou, le 22 Décembre 1999 lors du Solstice d’été. Quelles aventures pour eux, tous ces voyages. Je souhaite qu’ils publient un livre de leur expéditions. Le week end de Pâques 2000, nous nous sommes retrouvés dans mon village de Dordogne. J’étais si enchanté de les revoir. Plus tard ils se seraient séparés…

Avant de repartir de Hobart pour rejoindre Peter Sims, un des plus anciens environnementalistes de Wilderness Society, lequel m’avait planifié huit jours dans le Nord de la Tasmanie, je souhaitais connaitre un peu mieux les vallées autour de Hobart et surtout où les forêts sont dévastées.

Geeveston:

De très bonheur, avec Birth, nous sommes donc partis en moto en direction de Geeveston. Puis nous sommes allés au bord de la rivière Huon, nom donné en hommage des Pins Huons. Autrefois ce fut un lieu prospère pour l’exploitation de ces arbres, lesquels ont une odeur délicieuse et une huile qui le rend imputrescible. Il avait un immense valeur. Nous pouvons encore voir et acheter des petits objets fabriqués avec ce bois. Le Pin Huon est désormais protégé et seul des réserves de bois déjà abattu peuvent être exploitées. Au bord de cette rivière quelques Pins Huons poussent, mais loin de la taille qu’ils pouvaient atteindre en 1900.

Birth me conduisit à Tahune Forest Reserve, un tout petit parc de 3 km de long et 500 mètres de large. Ce parc est situé dans l’Aire de Conservation du Sud Ouest de la Tasmanie, et à une dizaine de kilomètres de Hartz Mountains National Park. Ces parcs permettent d’apercevoir leur richesse écologique.

Malheureusement, les randonneurs sont dirigés encore une fois le long des chemins et des routes, où tous les écosystèmes paraissent intacts. En fait cette richesse écologiques diminue de jours en jours, les forêts originelles s’amenuisent, remplacées par les forêts d’exploitations, les forêts « modèles », lesquelles représenteront ce que furent les forêts d’autrefois. Pouvons nous imaginer ce qu’étaient les forêts d’Europe, au temps des Romains et des Gaulois?

Comme je vous l’ai déjà expliqué, en bordure des lieux protégés, sur les routes forestières, sont dressées des barrières en fer, ne laissant droit de passage qu’aux engins des forestiers. Elles dissuadent les touristes et les randonneurs, et même les australiens.Le meilleur moyen de connaitre ce qui se passe derrière ces barrières de la honte, est d’y venir en moto, ce qui fut le cas pour Birth et moi-même.

Roulant et grimpant ces routes chaotiques, rapidement les forêts pluviales riches de leurs écosystèmes, qui ont vécu des millénaires sont anéanties, rasées et broyées pour finir dans l’industrie papetière. Que deviennent-elles, accompagnées de leurs animaux, leurs plantes, leurs insectes, leurs différentes vies aquatiques ou terrestres? Où est donc passé le respect de la Nature?

Birth et moi, nous sommes arrivés tout en haut des montagnes, à Warra Creek. En ces lieux vivait paisiblement une splendide forêt, sans doute avec des Eucalyptus dépassant des 90 mètres de haut! Mais maintenant ce n’est que l’horreur! Des hectares et des hectares de coupes rases noircies aussi par le Napalm, à perte de vue et tout autour de nous! On pourrait se croire sur une autre planète. Comment les australiens peuvent laisser leurs Patrimoines Culturels et Naturels partir en fumée?

Le Wilderness Society, Australian Nature ConservationetAustralian Bush Heritage, se démènent pour préserver ces lieux magnifiques et sensibiliser le public. Mais la route est encore longue…

Enfin il était temps de partir pour Launceston, là où m’attendait Peter Sims. Peter conduit un vieux Combi et lui permait d’être indépendant lorsqu’il part pour de long séjour en trekking.

Première destination: « Evercreech Forest Reserve », là où vit un superbe Eucalyptus Whitenight. Il est englobé dans une petite réserve forestière. Mais comme dans le sud, les forêts sont rasées ne laissant que des souches noircies. De temps à autres, une jeune fougère pousse péniblement au bord de ce que fut un ruisseau. Cette destruction nous laisse songeur. 3h de marches pénibles étaient nécessaire pour faire le tour de cette coupe rase.

Peter et moi, nous sommes donc repartis dans l’autre direction, pour aller tout d’abord à Cradle Mountains, puis par la suite là où vivent les fameux et rares Pins Huons.

Les Nothofagus gunnii de Cradle Mountains, en Tasmanie.

Cradle Mountains est non moins célèbre pour ses sentiers de randonnées tel que l’Overland Track que pour aller gravir les Murs de Jerusalem. L’Overland Track demande plus de 8 jours de randonnées et va de Cradle Valley à Lac Saint Clair. Mais lors de l’Automne tasmanien, les randonneurs viennent admirer les couleurs de certains arbres nommés « Deciduous Beeches« , soit de petits Hêtres (Nothofagus gunnii) qui font apparaître des pigments allant du jaune au rouge vif, en passant par l’orange, le marron et le doré.

Leurs petites feuilles ne mesurent que 2 cm, mais toutes ensemble, elles transforment le paysage de Cradle Mountains, lui apportant une touche de tonalités magiques.

Avec Peter, nous sommes restés deux bonnes journées à marcher le long du lac Dove et gravir les flancs des montagnes, à la recherche d’un beau Hêtre, bien tortueux. Ils sont tellement résistants que vous pouvez assurément vous accrocher à leurs petites branches pour grimper les flancs qui peuvent être glissants.

Comme il est difficile d’attendre un photographe je partis le matin de bonne heure en avant. Je désirais trouver quelques petits arbres dans Ballroom forest, et le meilleur moment fut biensure à l’aube.

Je me souviendrais toute ma vie de ce matin-là.

Les sentiers de bois étaient encore givrés, une fine couche de neige était tombée sur les sommets, et les oiseaux commençaient à chanter. Les baies rouges (Cyathodes parvifolia) ou oranges (Coprosma nitide) étaient mûres à souhait, et le bord du lac Dove était rempli d’Astelia alpina.

Ballroom forest est une petite forêt pluviale, située sur le flanc ouest de la colline, non loin d’une jolie cascade. D’ailleurs de là coule un petit ruisseau. L’on peut admirer le Nothofagus cunninghamii, l’Eucalyptus pauciflora, le Sassafras (Atherosperma moschatum). Les arbres ne poussent pas vite surtout à plus de 1000 m. d’altitude. Et le soleil n’y pénètre que le matin.

« Les Mycena interrupta,

ou

Sauvons l’Esprit de la planète. »

Tout en observant la végétation luxuriante, je vis au bord du petit torrent, trois minuscules tâches bleutées et brillantes. Intrigué, je m’approchais et soudain je me sentis observé… En fait ce fût des champignons bleus. J’avais entendus parler des champignons bleus hallucinogènes, mais là je ne rêvais pas. J’étais comme en présence de trois yeux bleus qui m’observaient, me dévisageaient. C’était un moment sublime. J’aurais aimé le partager avec d’autres. Pourquoi donc existe-t-il des champignons identiques aux yeux bleus? Et si ces champignons de 1cm de diamètre avaient la faculté de voir autour d’eux, que pourraient – ils nous apprendre?

Ayant aussi des yeux bleus, j’étais donc encore plus sensible. Après avoir vu différents arbres millénaires, sillonné des pays, vu de splendides forêts et d’horribles déforestations, rencontré les activistes de la planète qui sont pour certains torturés, alors qu’ils veulent protéger cette belle planète sur laquelle nous vivons, de photographier ces champignons d’une beauté divine, tout en étant continuellement observé par eux, j’en étais tout bouleversé. Tout y est, la pupille, l’iris, le système vasculaire, et la luisance les rendant encore plus parfait.

Je me demande encore comment ils peuvent exister et pour quelles raisons. Sans doute est-ce un message de la planète pour convaincre les humains de se rendre réellement compte qu’ils la détruisent. Sachez que lorsque j’étais dans les coupes rases de la Tasmanie, je voulais quitter cette planète.

Depuis que j’ai vu ces tout petits champignons bleus, ils m’ont offert l’énergie pour mieux vous sensibiliser. Je créerai un Comité International dont ces champignons seront le logo. Le but sera de protéger les arbres millénaires et les forêts originelles.

Une heure s’était déroulée avec ces mycènes, comme si une éternité était passée. Il était temps de retrouver Peter et de lui raconter mon histoire. Nous avons continué notre chemin, jusqu’au Lac Wilks, ou vivent les plus beaux Nothofagus gunnii. De temps à autre, je pouvais admirer de splendides oiseaux pas du tout effarouchés par notre présence, et même un ornithorynque. Mais celui-ci sort de l’eau lorsque les randonneurs disparaissent.

Pendant notre ballade, nous avons vu aussi différentes espèces végétales telles les Pandanis (Richea pandanifolia), les King Billy Pine (Athrotaxis selagnoides), les Celery top pine (Phyllocladus aspleniifolius), les Pencil Pine (Athrotaxis cupressoides). Plus nous montions, plus ces arbres devenaient plus petits, sans pour autant être moins vieux, bien au contraire.

Arrivé à Cradle Plateau, nous pouvions admirer tout le paysage panoramique, en essayant de distinguer les trekkers escaladant les Murs de Jérusalem, ou plus précisément Little Horn, Weindorfers Tower, et Smithes Peak, ce dernier culminant à 1527m. La plupart des randonneurs ne prennent pas le temps d’admirer les plantes, mais il existe de minuscules forêts d’une quinzaine de centimètres de haut! Ce sont de vraies petites forêts, pour liliputiens biensûre!!

En effet, on peut même marcher dessus, alors qu’il faudrait se transformer aussi en lilliputiens, pour observer son intérieur. Je veux parler du Dwarf Pine (Diselma archeri). Ce sont de petits conifères, pourtant lorsque certains d’entre eux s’étalent sur plusieurs m2, ils peuvent être centenaires, voir millénaires. C’est amusant de les photographier au bord d’un rocher, sans pour autant montrer une échelle de grandeur. Nous pourrions être leurrés. Un petit rocher de 20 cm de haut pourrait être une falaise d’une centaine de mètres.

Tranquillement, Peter et moi, nous redescendions au campement, entourés des Nothofagus gunii, de Crater Lake et du Lac Dove. Quel merveilleux spectacle onirique.

Les Pins Huons de Tasmanie (Lagarostrobos franklinii),

les plus vieux arbres de la planète.

Lorsque je suis arrivé à Mount Read avec mon ami Peter Sims, nous étions accompagnés de deux Rangers de “ Wildlife & National Park Service “, il nous a été difficile de trouver ces arbres si bien emmitouflés dans le vallon de Mount Read.

Tout d’abord nous avons vu quelques hectares de Pins Huons incendiés, dont leurs souches, troncs et branches ont été blanchis par le temps, le soleil et les vents froids. Le sol est délavé par le ruissellement de l’eau, descendant vers le lac Johnson.

cartes_pin_huon_100x200Mais plus en aval, cachés par d’autres éspèces d’arbres et autres végétaux, les magnifiques Pins Huons poussent directement dans les cours d’eau qui ne font pas plus d’un mètre de large par temps sec. Ces arbres sont un enchevêtrement de branches et racines interconnectées dont on a du mal à savoir ou a commencé la vie de l’arbre originel.

C’est un lieux délicat, fragile, mystérieux. Comment et par quelle intelligence cet arbre a survécu des générations dans le même lieu, gardant dans ses gênes peut être le même système de croissance depuis des milliers d’années?

Je garde un excellent et furtif moment de mon passage là-bas et principalement lors de la prise de vue avec ma chambre photographique LINHOF. J’ai pu admirer, un soupçon de secondes dans le verre de mon appareil photo, un ornithorynque, trottant timidement de branches en racines au-dessus de l’eau. Je n’ai même pas eu le temps de faire cette photo, c’est une image lattente qui reste, un merveilleux moment gravé dans ma mémoire.

Le Pin Huon est le seul Lagarostrobos de Tasmanie. Depuis l’époque du Gondwana, soit 250 millions d’années, il est parenté avec d’autres éspèces d’arbres du Chili, de Malaisie, de Nouvelle-Zélande.

Le Pin Huon est endémique à la Tasmanie et nulle part ailleurs. Il produit pollen et graines dans de si petits et insoupçonnables cônes, mâles et femelles sur différents arbres.

Le Pin Huon vit dans des lieux restreints à l’Ouest et Sud Ouest de la Tasmanie, là ou il se perpétue le long des bancs de rivières ou petits ruisseaux, ou encore dans des lieux humides bien précis, loin des rivières, tel est le cas pour ce Pin Huon , à Mount Read.

La population de Pin Huon est désormais “protégée” dans certaines réserves. Son bois fut énormément exploité au début du siècle car son bois est imputrescible . L’on peut admirer quelques Pins Huons dans les réserves “South West &Wild Rivers National Park “ , “ Olegas Truchanas “ et “ Gilbert Leitch Memorial Huon Pine Reserves ”, ou bien encore le long de Gordon River.

Récemment une équipe de chercheurs australiens et américains (Le Professeur Harriset leProfesseur Ed Cook) ont découvert des Pins Huons âgés de plus de 10000 ans (dix mille ans) à Mount Read, près du Lac Johnson. En fait, c’est leur système racinaire qui a un âge vénérable; les troncs eux mêmes ont été datés à 1200 ans.

Seulement quelques centaines d’hectares ont été protégés mais comment protéger ces arbres ancestraux si l’on ne protège pas aussi les terrains en amont et en aval ? Ces arbres sont entourés par les compagnies minières. Seuls quelques individus vivent là dans 500 hectares !

Un certains nombre de vieux Pins Huons ont brûlé en amont, montrant à ce jour tout un agglutinement de souches, troncs et branches blanchis par les vents et le soleil , laissant aussi apparaître toutes les interconnections entre les branches et les racines.

Le Pin Huon est communément associé avec des éspèces de forêts pluviales tels que le “Nothofagus cunninghamii “ (Myrthe), “l’Eucryphia lucida “(Leatherwood), “l’Atherosperma moschatum”(Sassafras), mais aussi accompagné de mousses, lichens, et fougères. Il peut aussi être associé avec le “Phyllocladus aspleniifolius “(Celery top pine), “l’Accacia melanoxylon” (Blackwwood), le “ Richea pandanifolia “(Pandani), et autres arbustes.

Dans son habitat naturel, le Pin Huon grossit de 20 à 30 m de haut et parfois peut atteindre 40 mètres au bords des rivières. Dû à l’humidité le long des rivières, l’arbre est recouvert de lichens et ses branches s’étalent sur l’eau.

Depuis des milliers d’années, voir des millions d’années, ce Pin Huon se reproduit en majeur partie grâce à ses branches et ses racines qui s’interconnectent. Les terminaisons foliaires retombent au sol et dans l’eau des ruisseaux ou rivières, pour germer et créer de nouvelles racines et nouveaux arbres. Bien sure de jeunes pousses peuvent naître depuis les racines, lesquelles requièrent toute l’humidité nécessaire.

A Mount Read, en Tasmanie, l’ensemble des Pins Huons proviendrait d’un même individu recouvrant maintenant plusieurs hectares.

Rester et admirer quelques heures sous ce couvert forestier des Pins Huons vous relaxent amplement et vous apprend Oh ! Combien, ce que nous sommes; en fait pas grand chose.

Et voilà que mon séjour en Tasmanie allait s’achever. Peter Sims me conduisit à Devenport, ou je pouvais voir, horrifié, le devenir des forêts pluviales. Des immenses montagnes de sciures, attendaient tranquillement les bateaux pour partir principalement au Japon (photo ci-dessous de Cédric Pollet. )

La suite de mes explorations dans le grand continent qu’est l’Australie n’allait pas être sans surprise. N’ayant pas de contact fiable pour rencontrer des spécialistes des vieux arbres, dans l’état de Victoria, je tentais ma chance à Launceston, au près de l’arboriste de la ville, Bruce Worth. Encore une fois ma chance me suivait car Bruce me conseilla de contacter Wolfgang Klein, un arboriculteur, travaillant pour la ville de Boroondara, près de Melbourne. Wolfgang et Wendy sa femme sont devenus des amis, ils ont été très accueillants et serviables en vers moi. Wolfgang me donna plein de contacts dans les différents lieux où je devais passer en Australie. En fait dans ce grand continent, les arboristes sont constamment en contact, car ils ont créé une division de l’ISA (Société Internationale d’Arboriculture). Wolfgang me fit connaitre Philip Kenyon, un conférencier et arboriculteur de l’Université de Melbourne, à Burnley.

Phil est un passionné et un amoureux des arbres vénérables. Il offre beaucoup de sa personne pour aider d’autres amoureux de la nature. Il me proposa d’aller voir un immense Eucalyptus camaldulensis, dans le village de Dunkeld. Avec sa fille Marie et un de ces stagiaires chinois, et lui-même, nous sommes donc partis à Dunkeld.

L’Eucalyptus camaldulensis de Dunkeld, dans le Victoria, un arbre qui peut être immortel…

Je proposais à Phil d’y réunir tous les enfants de l’école. D’un pas certain, nous sommes donc allés voir l’instituteur de l’école et le propriétaire de l’arbre. John Smith, l’Instituteur était plus que ravis. Nous décidions donc de réunir tous les enfants de l’école, soit 120 jeunes filles et jeunes garçons.

Une bonne journée de route et nous y étions. Mais quelle splendeur, cet Eucalyptus.

Je regardais autour de moi, et je ne voyais pas un autre arbre aussi merveilleux. Le détour en valait la peine. Phil voyait que je n’étais pas déçu. En fait, cet arbre s’est affaissé au sol, et toutes ses branches ont continué à pousser, déployant une fabuleuse voilure verdoyante sur 43 mètres de long. Ses branches partent dans tous les sens, se soudent entre elles, et même s’enracinent et repartent.

Il nous restait une semaine pour organiser la photographie. Nous rentrions donc à l’Université de Melbourne pour tout préparer. Tout d’abord Phil avait deux idées: offrir un petit Eucalyptus camaldulensis pour chaque enfant, puis imprimer un certificat comme quoi les enfants devront prendre soin de leur arbre pendant toute sa vie, soit 600 ans, comme l’arbre-doyen de leur village qui aurait cet âge. De mon côté, je contactais les médias telle que ABC-TV News.

Marie et son père ont un jeu qui pourrait durer toute une journée. Ils grimpent sur une des branches, le principe étant de passer de branche en branche, sans toucher le sol. Je grimpais moi aussi pour réaliser quelques photographies.  Et Marie fut un bon sujet naturel pour les photos, de plus que c’est son arbre favori.

Tout était fin prêt, je retournais à Dunkeld car Phil, bien malheureusement, ne pouvais pas venir. Le matin de la photo, les petits arbres étaient déjà livrés. Je me préparais pour les prises de vues. Tous les enfants s’approchèrent devant l’arbre. Ils écoutaient tous les conseils de John Smith et naturellement ils grimpaient dans les branches et s’y assoyaient.

C’était un moment intense et joyeux, inoubliable. J’aurais tellement souhaité que Phil Kenyon soit présent.

Le lendemain de la photo, j’offrais les petits Eucalyptus aux enfants, en allant les distribuer dans leurs salles de classe. C’était aussi très émouvant, l’instituteur appelait chaque élève et je leur remettais l’arbre dans leur main avec le certificat, en le faisant promettre de le respecter et de l’entretenir. Ces moments me faisaient penser à Sir Richard St Barbe Baker, qui dans sa longue vie (92 ans), planta 32 millions d’arbres, dans le monde entier. Que sont donc devenus tous ses arbres? Sa fondation anglaise, « International Trees Foundation« , continue son oeuvre…

Avant de partir dans l’Ouest et les Territoires du Nord, je m’en suis allé avec Wolfgang et Wendie à un marché artisanal dans une petite forêt. C’est ici que commença l’histoire de mon chapeau à l’Indiana Jones ou encore à la Crocodile Dundee. Il ne me quitte plus jamais, il est même devenu sacré à mes yeux, me remémorant les bons et mauvais souvenirs.

Me voilà enfin prêt pour partir à la découverte des Karris. Tout d’abord, avec l’aide de Arbor Centre, à Perth, j’ai pu photographier des transplantations d’arbres adultes. Cette entreprise peut transplanter des arbres comme des chênes, des cèdres, des ormes de 200 voir 300 ans d’âge. C’est impressionnant de voir décoller un arbre immense, rattaché par des câbles et des grues. Ils ont plus de 15 ans d’expériences.

La déforestation dans l’Ouest Australien.

Ensemble nous sommes allés vers Albany, où vivent ces fameux Karry et Jarrah. Mais je ne voulais pas réellement aller là où s’agglutinent tous les touristes en mal d’émotions fortes, comme grimper sur les passerelles, faisant le tour de la canopée de ces arbres.

Je préférais rencontrer les jeunes activistes, lesquels allaient me faire découvrir des arbres fantastiques. En effet ils essayent de préserver de vieilles forêts autour de Northcliffe.

Arrivé pendant la soirée, ces respectueux activistes m’accueillirent dans leur campement de fortune. Mais ne croyez pas qu’ils vivent à l’époque de Robin des Bois. Ils sont d’abord très bien organisés, ne manquent jamais de nourritures et possèdent plusieurs campements, dans différentes forêts lesquelles ne sont pas protégées. Passer des soirées dans leurs campements, permettent de mieux les connaitre.

Le premier soir, John Butler, un excellent guitariste me fit comprendre qu’ils auraient besoin de mes services pour photographier un peu « d’actions ». Le lendemain matin aux aurores, nous nous sommes tous retrouvés sur une route forestière. Les activistes étaient là, les forestiers et les policiers aussi. Une fille était sur une plate-forme, attachée entre un arbre et un Timberjack, qui est un engin qui broie la forêt. Impossible de couper le câble qui tenait la plate-forme car la fille aurait été tuée.

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Alors je vous dis pas l’émotion de chacun lorsque un autre engin forestier commença à faire de la place pour l’arrivée d’une grue. Tout le monde était sur les nerfs et les policiers ne pouvaient arrêter personne. Soudain avec un peu plus d’échauffement, les policiers m’ont interpellés. J’ai résisté et les ligaments de mon genoux droit ont été déchirés par un des policiers. Je ne pouvais plus reposer ma jambe. J’étais condamné à rester tranquille avec les activistes, dans leur forêt, pour une semaine.

Cette échauffourée me permit tout de même de mieux connaitre la solidarité et l’amitié chez tous les activistes. Sans pour autant bien me connaitre, Lisa Robertson d’Environment Centre m’aura aidé, hébergé, transporté. Je ne pourrais jamais oublier cette semaine avec eux. Je garde bien sure un mauvais genoux, mais je me rappelle de John Butler, le guitariste. Je l’ai écouté jouer dans la forêt, sous les étoiles et la pleine lune. Un son sublime, des harmoniques excellentes, une musique divine sortaient de sa guitare et de la dextérité de ses doigts. C’était comme s’il jouait avec une centaine de doigts. C’est un excellent guitariste.

Malheureusement, là-bas aussi les forêts vénérables sont dévastées. Les grands Karris, Jarrah et autre géants de l’Ouest Australien ne sont que quelques hectares, comparée à la surface forestière non préservée ou peu réglementée.

Après cette petite semaine de convalescence, je suis revenu à Perth pour assister à un concert des activistes, avec John Butler, puis il était temps de continuer mon voyage en direction des Territoires du Nord, pour photographier les Baobabs (Adansonia gregorii).

Arrivé à Broome, en avion, je suis resté quelques jours chez deux correspondants de Wilderness Society, le temps de trouver un véhicule 4×4, pour aller dans le Kimberley, ou vient les plus remarquables baobabs. Pour traverser cette région, c’est toute une expédition, et tous ceux qui l’organisent, ne viennent pas spécialement pour les Baobabs. Et c’est rare d’avoir de la place. J’ai donc décidé de partir en auto-stop jusqu’à Darwin, ce qui me permettait de mieux connaitre cette région.

Mais avant de partir de Broome, je pris contact avec l’écrivain du livre sur les baobabs, qui je crois est le seul sur ce thème. Elle se nomme Pat Lowe. En la rencontrant, je m’apperçu qu’elle était bien intégrée avec tous les aborigènes, mariée avec l’un d’eux. Elle est aussi une vraie exploratrice. Dans son jeune âge, elle avait vécu en Afrique de l’Est, elle fut déjà familière avec les baobabs. Pat a vadrouillé de long en large le Kimberley et elle a sans doute admiré des merveilles.

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