Regard de nature
L’itinéraire :
La Chine recèle bons nombres de lieux sacrés, et certaines provinces ont répertorié leurs plus vieux arbres comme c’est le cas pour le Yunnan. Bien souvent les arbres les plus vénérables sont protégés, choyés dans les anciens temples, mais il arrive quelques exceptions.
Le but de mon voyage fut d’une part d’aller au fin fond du Xishuangbanna, pour découvrir les plus anciens théiers sauvages (Camellia sinensis) dont le plus ancien aurait mille sept cent ans environ. Je souhaitais aussi faire mieux connaissance avec les minorités chinoises telles que les Aini et les Dai.
D’autres parts je souhaitais photographier les ancestraux Metasequoias glyptostroboides dans la région de Hubei, le très ancien Ginkgo biloba de la province de Shandong et la glycine millénaire de la Cité Interdite de Pékin. Un long et surprenant voyage allait m’attendre…
Il est difficile de faire des choix. Pourquoi seulement ces quatre espèces comparées à la richesse botanique de la Chine; de quoi éditer un livre exclusif sur les arbres vénérables de la Chine voir une encyclopédie franco-chinoise! Un livre franco-chinois sur leurs arbres sacrés !
Alors après avoir quitté enfin le continent africain après maintes mésaventures, je suis arrivé à HongKong pour prendre le train de Gangzhou à Kunming (Yunnan); plus de vingt quatre heures de voyages. Dans ce train, vu que j’avais beaucoup de mal à parler et comprendre le Chinois, j’ai été aidé par Gao Yan, laquelle était assise près de moi. Nous sommes devenus amis et elle m’invita dans sa ville natale, Yuan Jiang (Yunnan).
A Kunming, j’ai été aidé par Warren et Crystal lesquels possèdent le Sunnyside-Up Restaurant. Warren a d’ailleurs été un de mes premiers donateurs privés chinois. Aidé par ses amis journalistes, un article fut publié dans le journal local. Suite à celui-ci, une jeune Chinoise (Xuemei Zhang) souhaitait aussi devenir une donatrice.
Sunnyside-Up Garden Restaurant!!! Sunnyside-Up Garden Restaurant!!!
Sun Weibang, Botaniste de l’Institut de Botanique de Kunming décida de financer mon billet d’avion pour aller dans le Xishuangbanna.
Les Enfants ont l’Avenir de la Planète dans leur Coeur et dans leurs Mains!
Mais tout d’abord, je suis allé à la rencontre deGao Yan, à Yuan Jiang. Elle m’avait concocté un superbe séjour.
Entouré de trois de ses amies, elles m’ont conduit par monts et part vaux dans les hauteurs montagneuses de Yuan Jiang.
Nous y avons découvert les immenses rizières disposées en terrasse sur les contreforts des grandes vallées. Nous avons parlé et mangé avec les gens locaux et j’ai fait de belles images des enfants ainsi que des anciens des villages. Je me souviens d’un vieil arbre contemplant toute la vallée des rizières, recevant toute l’énergie du lever et du coucher de soleil.
C’est inimaginable de voir tous ces Chinoises et Chinois cultivant le riz avec sagesse et dextérité afin que nous ayons ces petits grains de riz parfumés tous les jours dans nos assiettes, et cela depuis des millénaires.
Les villageois Chinois possèdent des maisons souvent en mauvaise état. Pourtant elles méritent d’être restaurées et d’autres sont aussi dignes d’être préservées comme le village de Lijiang, classé au Patrimoine Mondial.
Comme beaucoup de chinoises, Gao Yan a un bon coeur et elle est bien dévouée. Ce fut la première femme chinoise qui m’aida. Merci Vicky.
Forest Café de Jinghong.
Je souhaiterai rendre hommage aux femmes de la Chine car ce sont surtout elles qui m’auront aidé durant mes voyages en Chine. Je désire surtout leur dédier ces dernières pages et cette traversée chinoise, à Sara, une excellente guide en trekking vivant à Jinghong, au Xishuangbanna. Elle était devenue l’élue de mon coeur, sans doute mon âme soeur que j’attendais depuis si longtemps. La Nature me l’a offerte.
Concernant sa ville, Jinghong, c’est la porte d’entrée pour aller voir les anciens théiers sauvages (Camellia sinensis) et les différentes plantations pour certaines ancestrales, mais aussi pour aller à la rencontre des différentes minorités qui peuplent la province du Yunnan, comme les Dai et les Aini lesquels vivent au fin fond de la forêt tropicale tempérée.
Le Théier sauvage (Camellia sinensis) de Bada, Conté de Menghai, Yunnan :
Tout d’abord lors de mon arrivée à Jinghong, j’ai été accueilli par Geraint, un guide local et ensemble nous sommes allés dans le tout petit village de Bada, où vie une minorité Aini, d’une part, et où pousse depuis mille sept cent ans le plus ancien théier sauvage (Camellia sinensis).
Pendant les quatre heures de trajet en voiture, nous avons pu voir les différentes plantations de thés mais aussi d’arbres d’où est récolté le latex.
Lorsque nous sommes arrivés à Bada, j’ai admiré toutes ces splendides maisons en bois perdues au fin fond des vallées, comparable aux chalets de nos montagnes d’Europe mais un peu plus vétustes. C’est un peu le paradis, les gens sont chaleureux, et le silence y est imperturbable.
Nous sommes allés dans la maison de Huan Yong Ming ou Xi Tu, un jeune du village. Il nous cuisina un mets très traditionnel. L’intérieur de sa maison est bien aérée et fort agréable. Un cloison sépare le premier étage, et de chaque côté se trouvent des feux.
Puis il nous accompagna au pied de ce vénérable théier. Nous avons marché dans la forêt pendant une bonne heure, sous une pluie battante et rafraîchissante, les pieds dans la boue.
Et nous avons vu ce théier qui est entouré d’une végétation luxuriante avec une variété de bambous que les gens du village mange.
Comparé aux autres théiers cultivés en contrebas, lesquels possèdent un tronc taillé très bas, celui de Bada mesure plus de 20 mètres de haut et plus d’un mètre de diamètre.
Certains journalistes prétendent que dans la région de Lincang, un théier aurait deux mille cinq cent ans, mais sur un livre recensant les plus anciens arbres du Yunnan, il est mentionné avoir que huit cent ans. Alors avant d’aller le photographier je souhaitais plus d’information, alors j’ai rencontré les botanistes de l’Institut de Botanique de Kunming. Ils me confirmèrent que les journalistes et guides locaux s’étaient trompés et qu’il ne pouvait pas avoir deux mille cinq cent ans! Il faut donc être très attentif lorsque l’on donne un âge à un arbre.
HISTOIRE DES THEIERS « Puerh » DU YUNNAN:
La Chine est le fief du Thé. Elle est le premier pays à utiliser le thé comme boisson et cela depuis déjà quatre mille ans. Pendant la Dynastie Han (206 BC – 8 AD), le thé était déjà commercialisé, et pendant la Dynastie Tang, le thé était à l’ordre du jour.
Les experts ont conclu que le Xishuangbanna et Simao dans le bassin de la rivière Lancang, au Yunnan, sont les berceaux des théiers. Ceux qui poussent dans les « Six Montagnes Antiques du Thé » (Ancient Six Tea Mountains) sont nommés Thés « Puerh« , et sont populaires déjà depuis des centaines d’années.
L’histoire du thé « Puerh » peut être retracé jusqu’à la Dynastie Orientale Han (Eastern Han Dynasty) (25-220 AD), basée sur des contes folkloriques qui racontent que les graines de ce thé avaient été laissées par Zhuge Liang, Marquis de Wu et Ministre en chef de l’Etat de Shu; la culture et l’utilisation du Thé « Puerh » commença au plus tard lors des Trois Royaumes, plus de mille sept cent ans auparavant.
Lors de la Dynastie Yuan, le Thé « Puerh » devint un bon moyen d’échange entre les gens. Pendant la Dynastie Ming, ce Thé devint une marque « labellisée » à travers tout le pays. Du début à la moitié de la période Qing, le Thé « Puerh » arriva à son zénith.
Des marchants d’Inde, de Birmanie, de Ceylan, de Siam, Cambodge, Vietnam, et autres pays du Sud-est et Sud de l’Asie vinrent aux Xishuangbanna pour le marché du Thé. Annuellement, des caravanes de plus de cinquante mille chevaux et mules vinrent et traversèrent montagnes et rivières, aux sons des cloches.
Il est reconnu que le Thé « Puerh » possède d’importantes propriétés médicinales. Il soigne de certaines maladies et virus. Le Thé « Puerh », utilisé comme boisson traditionnelle, a des propriétés curatives particulières. Il produit de la salive, calme la soif et rafraîchi le coeur et les idées. L’extrait de Thé « Puerh » peut stopper différentes maladies.
Le destin est imprévisible, surprenant, et si nous souhaitons mieux le connaître, c’est peine perdue car tous les jours nous le créons, à chaque pas que nous faisons, à chaque choix que nous décidons, à chaque chemin de la vie que l’on prend. Il vaut mieux laisser la Nature créer notre destin. Mais je ne dis pas que nous ne devons rien faire. |
A mon retour à Jinghong, Geraint me montra le « Mémé Café« , pour y dîner. C’est un lieu fort sympathique et Orchyd la propriétaire est fort accueillante.
Le lendemain, après maintes réflexions, j’y retournais pour le déjeuner. Mais quelle force me poussait à y aller ? Et pourquoi ? C’est à ce moment là que ma vie allait changer.
Dans ce Café était assise Sara. Sara possède elle-même le « Forest Café», à Jinghong. Elle vous cuisinera avec passion un bon repas, et de bonnes salades de fruits. Elle adore jouer au ping-pong. Nous avons discuté longuement et elle m’a dit qu’elle organisait des randonnées pédestres, des trekking pour aller à la découverte des différentes minorités Dai et Aini et de leurs villages.
Je souhaitais plus que tout faire un trek avec Sara. D’autres guides proposent des trekkings, mais elle serait la seule femme guide de Trekking à Jinghong. De plus j’ai pu apprécier comment elle aime la Nature. Une force interne et intense nous poussa à mieux nous connaître, et le lendemain, Sara et moi allions faire ce trek. Départ à huit heures du matin, après un bon petit déjeuner. Cinq heures de marche nous attendaient et beaucoup de surprises.
Ces premières journées, commençant le 17 Juillet 2002, allait devenir inoubliables. Nous sommes d’abord allés faire un tour au marché local de Jinghong. Puis nous avons continué en autorixo vers les premiers villages, hors de la grande circulation.
Alors que ce sont les hommes qui font le premier pas, cette fois-ci je fus surpris. Après quelques heures de marche, Sara pris ma main dans la sienne. Je n’oublierais jamais son geste. Ce fut un instant magique, intense, fabuleux.
Main dans la main, nous avons marché des heures et des heures sur les chemins boueux, au bord de la rivière Mékong. Après un court arrêt pour manger, un orage survint du fin fond de la vallée. Sa pluie déferlante ne nous a pas empêchée de continuer notre marche. Nous étions complètement mouillés, même mon matériel photographique. Je ne connais pas beaucoup de femmes comme Sara, qui soient si courageuses et qui aime tant sa passion et la Nature. Elle me montra de splendides papillons composés de myriades de couleurs, des insectes lesquels s’envolant font apparaître un rouge carmin sous leurs ailes, et ensemble nous contemplions les minuscules fleurs avec leurs senteurs subtiles. Ah ! Que la Nature est splendide. Aussi Sara fit des bulles en soufflant dans la tige d’une plante. Celle-ci possède sans doute de la saponine. Nous redevenions enfants, redécouvrant la Nature dans toute sa beauté.
Tous deux, nous avons beaucoup de points en communs que nous savons partager.
Après cet orage violant, entouré des éclairs et du tonnerre, nous nous sommes reposés un court instant dans une maison Dai. La Dame de la maison nous offrit du thé et un ananas, puis nous avons continué notre randonnée vers le village Dai préféré de Sara, « Padan« . Ce village a environ six cents ans, mais la plus part des maisons ont moins de vingt ans.
Nous sommes restés trois jours dans une maison Dai. Ces maisons sont construites entièrement de bois de différentes essences. Le rez-de-chaussée est réservé aux céréales, victuailles et animaux, et le premier étage possède une grande salle commune ainsi que de quelques chambres. La douche, faite de bambous, est sur le palier, et c’est fabuleux car nous pouvons contempler la vallée, la forêt, et le village Dai. C’est un lieu de rêves. Le matin, la brume se lève, les oiseaux chantent, et les gens sont très souriants, joviaux. Un de mes rêves serait de vivre dans une maison comme celles-ci, sans doute avec un peu plus de confort et moins de moustiques… Les arbres sont coupés près d’un an auparavant, puis ils préparent le terrain. Ensuite tous ensemble ils construisent la maison. Aucun clou ne sont utilisés! Ils utilisent les arbres indigènes, et une de leur particularité, c’est qu’ils font fuire les moustiques. Les toitures sont hautes et aérées. Elles aussi sont faites en bardeaux de bois.
Pendant ces quelques premiers jours, Sara et moi nous avons fait plus ample connaissance. Je lui ai raconté mes projets, mes voyages dont celui de traverser la Chine pour aller à la rencontre des plus anciens Metasequoias glyptostroboides de la province de Hubei, ainsi que le plus ancien Ginkgo biloba de la province de Shandong.
Elle a décidé de me suivre dans mes pérégrinations et aventures. Elle est devenue ma traductrice privée, mon guide et surtout mon âme-sœur ! Comment aurais-je pu traverser la Chine sans son aide?
Durant toutes ces années, j’ai tant voyagé de part le monde pour publier un splendide livre et récit photographique, à la recherche des vieux arbres, de moi-même sans doute, mieux connaître mes capacités, et surtout découvrir mon âme-soeur avec qui je souhaiterais tout partager. Sara, à ce jour, était l’élu de mon coeur, de ma vie. Pourquoi maintenant, à la fin du voyage, pourquoi le Yunnan ? Sara est la plus belle récompense que la Nature m’ait offerte après toutes mes aventures. L’avoir rencontré dans le Xishuangbanna m’avais ouvert une nouvelle porte vers le bonheur, elle me donna plus d’espoir et d’énergie. Elle m’avait offert son coeur, elle s’est entièrement dévouée pour m’aider en Chine. Nous avions voyagé de Kunming à Pékin en passant par la province de Hubei et de Shandong. Quel périple ! Qu’aurais-je fais sans elle ? Mon souhait le plus fort serait de pouvoir la retrouver et avec toutes ces années passées, au moins être ami(e)s…
Janvier 2017 : je suis en train de réactualiser mon site, je ne suis toujours pas retourné en Chine. Sara est mariée et les vies continues. Irais-je de nouveau là bas, ce pays lointain, mais qui reste proche dans mon coeur. C’est difficile de choisir ! Et les années passent !!!!! Chacun de nous fait sa vie à sa manière, que se passerait il si j’allais à sa rencontre….au bout de toute ces années? Serait-ce une bonne idée?….
Le Metasequoia glyptostroboides de Modaoxi, Conté de Lichuan, Province de Hubei :
Tout d’abord le train jusqu’à Chongqing puis le bateau pour une navigation sur le fleuve bleu « leYantze ».
A Wanxian, nous avons pris le bus local pour aller dans le berceau du plus ancien Metasequoia glyptotroboides du monde, au village de Modaoxi. C’est ici que la plupart des découvertes botaniques ont été entreprises entre 1946 et 1948.
Ce Metasequoia est le seul témoin millénaire de ce que furent les forêts de Metasequoias. Il pousse quasiment seul, entouré de quelques jeunes Metasequoias sans doute plantés par les botanistes chinois et américains. Il existe encore une ancienne ferme traditionnelle, mais de plus en plus de bâtiments modernes en béton défigurent la vallée. La rivière qui a été légèrement asséchée, contribue au bien-être de ce vénérable arbre.
Nous avons dormis dans ce village pour 10 RMB, et nous nous sommes renseignés sur le lieu-dit « Sui-Sa-Pa» (Plantation de sapins d’eau). Nous étions juste à côté, mais c’est comme si les gens du village ne connaissaient pas cette vallée.
En fait, sans elle et sans la rivière et ses rizières, personne ne vivrait ici. Nous avions un problème de dialecte. Nous avons pu voir quelques jeunes Metasequoias glyptostroboides, surplombant les rizières et les champs de tournesols et maïs. Quelques belles maisons anciennes traditionnelles agrémentent le paysage. De plus, les gens sont accueillants et c’est un lieu très reposant.
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Histoire sur le Metasequoia glyptostroboides et « Sui-Sa-Pa »
La végétation de ces Metasequoias glyptostroboides est un représentant vivant d’une très ancienne flore bien préservée. Tous les gymnospermes qui occupent naturellement cet écosystème, ont été retrouvés sur des fossiles de l’ère Tertiaire et quelques-uns de l’ère du Mésozoïque. Les découvertes botaniques indiquent que beaucoup des lignées des angiospermes représentées dans cette flore de Metasequoia glyptostroboides remonteraient aussi à l’ère Tertiaire.
Depuis plusieurs années les scientifiques se penchent sur des espèces qui ont survécu des millénaires voir des millions d’années, et qui vivraient encore aujourd’hui dans différentes parties de la Planète.
Différentes expéditions sont allées à la recherche d’un certain arbre rare, le Metasequoia glyptostroboides depuis que les botanistes chinois « Hu et Cheng » avaient envoyé des graines de cette espèce dans différents arboretums du monde, entre les années 1946 et 1948, sans doute pour des fins de protection. Ces expéditions ont permis de démontrer que les Metasequoias glyptostroboides poussaient à l’état naturel dans les Provinces de Hupeh et de Szechwan, et vers le sud sur les pentes de l’Hunan de l’ouest
C’est dans le lieu de « Shui-sa-pa » que durant l’automne 1947, CT.Hwa découvrit un ensemble naturel d’arbres matures de Metasequoia glyptostroboides. Shui-Sa-Pa est près de la rivière principale et s’étend sur 25km x 1,5km. Ils poussent entre 1000 et 1100 mètres d’altitudes.
Les Metasequoias glyptostroboides poussent au fond d’une vallée, sur le plateau montagneux, à environ 60 km au sud-est de la rivière Yangtze, dans le district de Lichuan. Les montagnes Chi-Yao (Pierre à chaux Permien) d’une altitude de 1500 mètres surmontent le bassin au nord-ouest, et les montagnes de Fu-Pao-Shan (Grès Jurassique ) d’une élévation de 1400 mètres surmontent le bassin à l’est.
Depuis 1948, les explorateurs ont découvert que la flore des Metasequoias glyptostroboides avait un écosystème très riche. Voilà donc pour les Metasequoias de la Chine.
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Après ce deux jours à Modaoxi, nous avons pris le bus local pour retourner à Wanxian et avons continué notre traversée en bateau jusqu’à Ytchang où un nouvel ami français, Bertrand, nous attendait avec ses amis pour aller au barrage des Trois gorges.
Phénoménale et titanesque construction, ce barrage est construit principalement manuellement par les Chinoises et Chinois. C’est aussi un gigantesque désastre écologique. Nous pourrions sauver les vieux arbres des villes et villages qui vont être engloutis par les eaux. Lorsque nous étions là-bas, il faisait une chaleur caniculaire. Je plains les ouvriers chinois. Une petite boutique est là pour désaltérer. Nous y avons trouvé d’excellentes pastèques…
J’ai aussi récupérer une « carotte » de marbre, provenant de 40 mètres sous terres. Imaginez sa valeur lorsque l’eau du barrage engloutira toutes ces vallées.
Après ces belles aventures, nous avons continué notre route en passant par les montagnes. Quels superbes paysages et de brave gens. Les maisons ont des toitures en lauze un peu comme dans les montagnes niçoises ou dans nos montagnes. Le murs sont fait en argiles et armatures en bois. Nous avons discuté avec des paysans qui, à notre grande surprise élèvent des vers à soie.
Lors de notre traversée sur le Yangtze, j’ai pu observer comment certains Chinois pouvaient polluer leur plus célèbre fleuve. C’est insoutenable. Ils n’hésitent pas à balancer tous les emballages de nourritures alors que des poubelles sont placées à cet effet sur les bateaux.
C’est accablant de voir tous ces détritus flottant sur le fleuve sacré du Yantze ! Il serait temps qu’une vraie prise de conscience se réveille pour l’environnement en Chine comme partout dans le monde, et même en France. Il faut que la Nature en Chine soit mieux préservée telles que les forêts tropicales du Xishuangbanna, lesquelles aussi diminuent au profit des entreprises de latex et thés ainsi que d’autres projets de barrages sur le Mékong.
Le Ginkgo biloba du Temple de Dinglin, Fulaishan, Juxian :
Sara et moi avions continué notre périple en train (bondé) jusqu’à Tsintao, pour aller à la découverte du plus ancien Ginkgo biloba, lequel serait âgé de plus de trois mille ans, ainsi que voir l’amie de Sara qui possède un grand magasin de perle.
En circulant en bus, le paysage n’est guère différent : plat et très peu d’arbres. Souvent des cultures à perte de vue. Depuis Tsintao, il faut environ 3h30 pour arriver à la ville de Juxian. Nous avions pris une moto-taxi, et nous étions arrivés au Temple de Dinglin. Ce lieu devient de plus en plus célèbre, et c’est en son centre que vit depuis plus de trois mille ans, le plus ancien Ginkgo biloba femelle du monde. Après toutes ces années elle est encore féconde ! Il mesure environ seize mètres de tour. Du béton a été injecté à certains endroits du tronc et des branches.
Sara et moi avons été admis dans ce temple bouddhiste, mais nous avons du suivre les règles strictes comme de dormir séparément. Ce fut rocambolesque. Alors que les touristes étaient partis et la magie du soir s’éveillait, j’en ai profité pour photographier ce vénérable Ginkgo à l’aide d’une lampe de poche. Mystérieux résultat ! Curieusement ce Ginkgo possède deux formes de feuilles. Les feuilles basales sont échancrées alors que sur les branches, les feuilles ont bien l’aspect d’un éventail. Pour quelle raison ?
Un autre Ginkgo pousse dans le temple nord mais il est bien plus jeune. Lors que l’on monte tout en haut de la pagode pour observer une vue à 360 degrès, on peut se demander comment cet arbre vénérable a pu vivre pendant tous ces millénaires. Nous ne voyons pas d’autres arbres aux alentours. Combien de ces Ginkgos ont existé dans cette province ? Et combien d’arbres anciens ont été abattus pour les bienfaits de l’agriculture ?
Le temple est un des plus vieux, et l’UNESCO est déjà venu le visiter. Ce Vénérable doit sa vie aux bouddhistes, il est le doyen végétal de la Province de Shandong et sans doute de toute la Chine. Il pourrait être l’éfigie de ce gigantesque pays qu’est la Chine, et être classé au Patrimoine Mondial.
Histoire du Ginkgo biloba :
Le Ginkgo biloba est le seul représentant de l’ordre des Ginkgoalés, un groupe de gymnospermes composés de la famille Ginkgoaceae qui remonterait à 270 millions d’années soit à la période permienne. Les dinosaures (213 millions d’années) ont donc fort bien connu ces arbres. Les feuilles et les organes végétatifs fossilisés ont permis de prouver qu’il existait au moins 2 espèces de Ginkgo. 144 millions d’années auparavant, 11 espèces existaient de part le monde comme en Europe, Asie, et Amérique du Nord.
A cause des grands cataclysmes géologiques, seulement une espèce survécue, le Ginkgo adiantoides, à l’ère tertiaire, 65 millions d’années auparavant. L’extinction des dinosaures et de certains grands reptiles et d’un nombre important de disperseurs des grandes graines a pu également avoir influencé ce déclin, en conformité avec les fossiles étudiés.
Les Ginkgos auraient disparus de l’Amérique du Nord 7 millions d’années auparavant, et d’Europe il y a 2,5 millions d’années. Les scientifiques avaient pensé que les Ginkgos avaient disparu du globe, mais en 1691, Engelbert Kaempfer redécouvrit le Ginkgo au Japon.
Les Ginkgos ont bel et bien survécu en Chine et là-bas, ils ont été principalement trouvés dans les monastères montagnards, dans des jardins de palais et de temple, où les moines bouddhistes ont cultivé l’arbre depuis des milliers d’années pour ses nombreuses qualités. Ils ont été importés en Europe par Kaempfer au 18ème siècle et le premier plan femelle fut découvert près de Genève en 1814. Une greffe fut faite sur un arbre mâle, au Jardin botanique de Montpellier. Si l’on observe une feuille actuelle d’une feuille fossile de l’ère permienne, aucun changement ne peut être décelé.
Parmis les milliers d’espèces de plantes existantes aujourd’hui, le Ginkgo biloba serait l’un des plus précieux liens entre le présent et le passé. Certains de ces arbres pourraient vivre plus de 3000 ans.
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Pour finir notre longue et exaltante pélégrination, nous avons pris le train pour Pékin (Quelle ville polluée !). Nous souhaitions finir en beauté avant de se quitter, en allant visiter une partie de la Grande Muraille de Chine, mais dans un lieu bien moins touristique. Nous sommes donc allés dans la région de Hebei et avons décidé de dormir à la belle étoile sur le toit d’une des anciennes tours. Ces longues murailles sont des chefs d’oeuvres architecturaux, des travaux titanesques, digne d’Hercule.
De part le monde tant de mains se sont solidarisées pour construire ces édifices immenses, ces châteaux, ces cathédrales, ces demeures médiévales. Serons-nous capables, humains que nous sommes, de bien mieux nous mobiliser pour préserver ces patrimoines qu’ils soient du règne végétal ou minéral. Encore de grands pas sont à faire!
De retour en France, la demeure médiévale dans laquelle je vivais depuis plus de vingt ans a été vendue, bradée. Alors qu’elle était un monument unique, historique. Huit cents ans d’âge remplis d’histoires. J’aurais aimé en faire le siège social d’une Fondation de l’Arbre, de l’Art et de l’Environnement. Il ne me reste qu’à trouver de généreux donateurs pour faire renaître un ancien domaine avec une forêt vénérable… Avis a tous les amoureux des arbres.
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